Monsieur Roger BARRIANT est adhérent à « Ceux de Rawa Ruska et leurs descendants » Paris-Île de France.
Nous vous faisons parvenir l’allocution du Général THOMAS de Nadine LABADIE, Secrétaire générale de l’Association Paris-Île de France.

Monsieur Roger BARRIANT lors de la cérémonie
DISCOURS DU GENERAL THOMAS
Monsieur BARRIANT,
Vous êtes né le 4 Décembre 1917 à NIEUL (Haute-Vienne) dans une famille d’agriculteurs. Comme tous les jeunes français de l’époque vous suivez une scolarité primaire.
Vous êtes appelé pour faire votre service militaire en 1938 ; Vous rejoignez le bataillon du 11e Régiment des Cuirassiers, où vous travaillez en tant que maréchal-ferrant.
Le régiment part ensuite sur le front : bataille de France, traversée des Ardennes, percée de Sedan et bataille d’Abbeville. Le régiment participe à une manœuvre retardatrice dans les Ardennes en avant de la 2e Armée. Pour cette mission, le 11e Régiment de Cuirassiers fait partie du groupement Est de la Division.
Malheureusement vous êtes fait prisonnier à la frontière franco-allemande. C’est alors de longs séjours dans des camps de prisonniers pour travailler en usine en Allemagne, d’abord au stalag VIB près de Warburg, au centre de l’Allemagne. Vous vous en évadez après avoir pratiqué des actions de sabotage dans les usines. Plusieurs évasions, mais vous êtes repris successivement à la frontière belge, puis la deuxième fois à la frontière hollandaise. A la suite de cette évasion, vous êtes envoyé en 1942 dans le camp de répression de Rawa-Ruska en Galicie (région de l’Ukraine maintenant) où tous les récidivistes étaient envoyés. Le stalag 325 avait été installé dans cet endroit pour y accueillir et exterminer les prisonniers russes. Il est dans le triangle maudit où l’on retrouve Auschwitz, Belzec, Sobibor, Tréblinka. Lorsque les premiers Français y arrivent en avril 1942, 18 à 20.000 Russes y sont morts. Il est impossible de s’en évader. Abrité dans des anciennes écuries ou sous des toiles de tentes par -20° ou– 30° l’hiver, très chaud l’été, avec des conditions sanitaires difficilement imaginables aujourd’hui, vous participez à des travaux forcés avec un pistolet sur la tempe. Nombreux sont les morts. Bien que Rawa-Ruska ne figure pas parmi les camps d’extermination, les conditions de vie y sont similaires à celles des camps où sont déportés les Résistants et les Juifs. Vous y resterez quelques mois jusqu’à ce que les Allemands ferment définitivement le camp le 19 janvier 1943 à l’époque où vous faites encore une tentative d’évasion mais vous êtes encore repris. Vous rejoignez alors de nouveau les camps satellites de Rawa-Ruska, notamment le stalag IIIA de Luckenwalde au sud de Berlin. Le travail forcé en est la règle. Vous y restez jusqu’à ce que les Russes viennent vous délivrer. Comme beaucoup de prisonniers, alors dispersés dans ces différents camps de détention, vous ne regagnez la France que le 2 juillet 1945.
A votre retour en France, vous êtes très diminué physiquement. Des emplois réservés sont proposés aux prisonniers de guerre. C’est comme cela que vous rejoignez la S.N.C.F. qui avait, comme d’autres administrations, instruction d’accueillir les prisonniers de guerre et de leur permettre ainsi e se rétablir. Marqué à tout jamais par ce horreurs, ne voulant que très rarement les évoquer, vous avez essayé de reprendre une vie classique en vous mariant en 1948 avec Yvette MAUCOEUR dont vous avez eu 3 enfants. Vous ferez carrière à la SNCF pour faire ensuite valoir vos droits à la retraite à 55 ans.
Vous êtes Médaillé des Evadés de guerre et vous avez reçu la médaille des Anciens de Rawa-Ruska.
C’est donc un grand honneur pour moi de vous remettre cette Légion d’Honneur.
Discours de Nadine LABADIE
représentant le Président de l’Association « Ceux de Rawa-Ruska et leurs Descendants », Paris-Île-de-France.
C’est avec fierté et plaisir que je suis à Limoges pour célébrer Monsieur BARRIANT au nom de l’Association « Ceux de Rawa-Ruska et leurs descendants », Paris-Île-de-France.
Notre Président de Paris-Île-de-France, Alain ZARA, vous prie de l’excuser de ne pouvoir être présent pour raison de santé.
Aujourd’hui nous distinguons un ancien combattant, héros de la Seconde Guerre Mondiale, un de ces jeunes soldats qui, il y a 75 ans, par son courage et son abnégation, a contribué à résister et à libérer la France. Il a subi la déportation au camp de Rawa-Ruska, situé dans le terrible triangle de la mort: travail forcé, régime disciplinaire, brutalités, menaces de mort, privation de nourriture et d’eau, furent son lot quotidien et, malgré ce régime inhumain, sa résistance ne faiblit pas.
Parce que vous avez résisté, que vous n’avez pas accepté de vivre à genoux, il est juste qu’hommage vous soit rendu, que vous soyez remercié pour votre courage et votre détermination à combattre l’ennemi. Aujourd’hui, nous vous distinguons comme un héros, comme un ancien combattant valeureux, comme un grand Français.
Merci à vous et nous avons une pensée émue pour tous ceux qui furent dans votre cas.
Et maintenant, je souhaite à tous de passer ensemble un excellent moment de mémoire, d’amitié et de convivialité.