Médecin-Chef au 1er bataillon du 57e Régiment d’Infanterie de Bordeaux depuis septembre 1939, l’offensive allemande du 10 mai 1940 l’a surpris au cœur des Ardennes, donc au cœur de la bataille. Persuadé qu’il avait la « Baraka », il avait écarté la possibilité qu’il pouvait un jour être tué ou blessé. Quant à l’idée d’être fait prisonnier, elle ne lui était bien évidemment jamais venue à l’esprit. C’est pourtant ce qui s’est produit et plutôt deux fois qu’une, comme la suite de ce récit vous l’apprendra.
Au cours des combats, la maison où était installé son poste de secours avait été transpercée par des éclats d’obus et c’est dans la cave qu’il donnait les premiers soins aux blessés, tous Français à l’exception d’un seul, un Allemand fait prisonnier au cours d’une récente bataille.
L’offensive allemande déferlait sur le Nord et l’Est de la France et par conséquent également devant la maison qui lui servait d’infirmerie.
Seul officier, il considéra que c’était à lui, seul responsable, d’aller voir comment les choses tournaient à l’extérieur et, éventuellement de prendre contact avec les Allemands pour sauver les blessés et malades.
Dehors, un drapeau blanc à la main, il tomba immédiatement sur un soldat allemand qui, furieux, lui mit la mitraillette sur le ventre, le fit rentrer dans la cave et put constater qu’il s’agissait bien d’un poste de secours. Il se calma enfin quand le blessé allemand lui eut expliqué dans sa langue, que notre ami était bien médecin et qu’il avait été soigné et traité très correctement.
Et voilà comment il fut une première fois prisonnier…
Cependant, la bataille continuait ; les troupes s’en furent, l’abandonnant avec ses blessés à son triste sort. Cinq ou six heures plus tard, le village fut repris par les troupes françaises. Sa captivité n’avait duré que quelques heures.
Peu après, son bataillon reçut de l’état-major l’ordre de faire retraite. Pour son unité, mêlée aux civils qui fuyaient vers le sud, ce fut l’exode bien connu de tous, qui se termina le 21 juin après qu’elle eut été interceptée par une colonne de Panzers.
Puis, comme la plupart des militaires faits prisonniers, même ceux qui l’avaient été après l’armistice, ce fut le camp de regroupement, le frontstalag et enfin l’envoi en qualité de médecin-chef au stalag III C à Küstrin avec un convoi d’environ mille hommes.
Il y resta environ trois semaines. Après quoi ce fut un petit camp, près de Poznan, puis un autre au nord de la Pologne, puis d’autres encore où il fut amené à soigner des malades tant français qu’anglais ou polonais. Par la suite ce fut encore le IX B à Faling-Bostel où il resta quelques mois, toujours en qualité de médecin, et enfin un petit kommando où il fit la connaissance de l’Abbé Montmartin avec qui il sympathisa aussitôt. (L’avenir prouvera la qualité exceptionnelle de cet homme qui restera à Rawa-Ruska jusqu’à la dissolution du camp et qui, par la suite, « fera » l’Indochine où il exerça les fonctions d’Aumônier). Nous reprenons maintenant les points essentiels de son récit tel qu’il nous l’avait fait parvenir :
Pendant toute cette période, je considérais que ma qualité de médecin m’imposait le devoir de rester avec mes camarades, de les soigner de mon mieux et, même si l’envie me démangeait déjà de m’évader pour rejoindre les Forces Françaises Libres, je pensais que je ne pouvais le faire aussi longtemps que la situation sanitaire dans les camps ou kommandos où je passais laisserait autant à désirer.
Au cours de l’hiver 1941-1942, tout s’étant un peu amélioré de ce point de vue, et les médecins étant en surnombre, je me sentis délié de cette obligation morale.
Je m’ouvris auprès de l’Abbé Montmartin de mon désir de rejoindre de Gaulle et, d’accord avec lui, nous préparâmes ensemble cette évasion, pour moi la première et pour lui la troisième. Nous réussîmes, grâce à une courageuse complicité, à nous procurer des papiers de travailleurs civils français, des vêtements, des vivres et… Lorsque tout fut, selon nous, minutieusement au point, nous décidâmes donc, incorporés à un kommando de travail, de fausser compagnie à nos gardiens.
Sans difficulté, nous prîmes un billet de chemin de fer « Hanovre-Aix-La-Chapelle » d’où nous avions l’intention de gagner la Belgique par une filière. Bombardement au cours du voyage… Donc retard… et arrivée en pleine nuit à Aix-La-Chapelle au beau milieu d’une alerte aérienne…
Descente aux abris en compagnie de militaires allemands qui ne cherchent pas à comprendre et acceptent notre version de travailleurs civils. En fin d’alerte, vers 4 heures du matin, nous quittâmes l’abri et en attendant que la ville retrouve un semblant d’activité, nous cherchâmes refuge dans un jardin public. Vers 6 heures, nous prîmes la route vers ce que nous croyions être la Belgique, mais assez vite nous nous rendîmes compte que nous faisions fausse route et qu’en réalité, nous nous dirigions vers la Hollande. Nous revînmes sur nos pas, ce qui, hélas, attira l’attention d’un garde frontière qui nous interpella, réalisa rapidement qui nous étions, nous conduisit à un poste de douane et nous fit accompagner sous bonne garde à la prison civile d’Aix-La-Chapelle. Je garde de ce court passage en prison civile un très mauvais souvenir : promiscuité avec des prisonniers de droit commun, saleté, mauvaise nourriture, mauvais traitements… Quelques jours plus tard, nous arrivâmes à Arnoldsweller, camp particulièrement sinistre où nous restâmes environ trois semaines, témoins de la manière inhumaine dont étaient traités les prisonniers russes, avant d’être embarqués nous-mêmes pour Rawa-Ruska. Voyage de près d’une semaine dans des conditions épouvantables maintenant bien connues… Arrivée dans les premiers jours de mai ; nous formions le deuxième convoi. Je fus accueilli par le groupe des médecins juifs arrivés trois semaines auparavant et intégré fraternellement à leur équipe qui s’employait du mieux possible à soigner, hélas, avec seulement les moyens du bord, c’est-à-dire pratiquement rien, les nombreux malades du camp.
La proximité relative des frontières slovaque et hongroise me hantait ! Comment faire pour m’évader ? Je participais au creusement d’un tunnel dans la première écurie dont on sait qu’il ne put aboutir, le trop fameux Rittmeister Fournier, dit « Tom-Mix » ayant réussi à le déceler. J’eus la chance de ne pas être pris ; d’autres hélas le furent et certains de mes rares coéquipiers vivants en portent encore les séquelles.
Quelques temps plus tard, je fus envoyé avec un convoi de mille hommes environ à Kobierczyn, camp où étaient regroupés les sous-officiers dits « réfractaires au travail ». J’y fus accepté au bloc III, celui des « Rawa », en qualité de médecin. Je tentais vainement de m’évader à nouveau en compagnie d’un autre médecin. Puis après trois semaines environ, nouvelle affectation, au Fliegerhorst de Cracovie cette fois, où travaillaient environ 400 détenus français et belges, tous des « Rawa ».
J’y fus « contacté » par un sous-officier qui, sous le sceau du secret le plus absolu, m’informa qu’un tunnel se creusait, là encore, et me demandait mon aide. En effet, la journée étant consacrée au travail sur les pistes d’aviation de Cracovie, creuser le tunnel ne pouvait se faire que la nuit. Il était donc indispensable que, chaque jour, cinq ou six travailleurs soient exemptés de travail. Etait-il possible que j’use auprès du médecin allemand du peu d’influence que j’avais pour obtenir ces exemptions ? Je l’assurai que j’obtiendrai probablement ce qu’il me demandait. « En remerciement me dit-il, si on réussit, vous venez avec nous » ouf !
En septembre 1942, le tunnel était prêt et la date du départ fixée. Nous devions sortir par petits groupes, moi-même faisant équipe avec Valentin, un français d’origine polonaise qui avait gardé la pratique de sa langue. J’eus bien peur au dernier moment de ne pouvoir partir en raison d’une terrible épidémie de dysenterie qui sévissait. J’en étais moi-même atteint, mais enfin… Nous pûmes déboucher du tunnel sans trop de difficultés. Il y eut bien quelques problèmes vite résolus : une lourde porte verrouillée, un petit ruisseau à franchir, une zone découverte de 200 mètres, etc…
Nous nous séparâmes en petits groupes et, Valentin et moi, nous prîmes la direction du sud, vers la Slovaquie et la Hongrie où nous espérions trouver soit des maquis, soit des complicités qui nous permettraient de rejoindre la France Libre, via la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie, la Syrie, ce qui se révéla par la suite un peu fou et irréalisable.
Après avoir marché toute la nuit, nous fûmes hébergés par des paysans polonais qui nous accueillirent de façon inoubliable. Ils risquaient leur vie pour nous aider mais ils acceptaient ce risque tant était grand pour eux le prestige de la France. Ils nous engagèrent alors dans une filière dont voici quelques-uns des maillons.
D’abord, un passeur, pour nous faire traverser la Vistule en bateau car il était hors de question d’utiliser les ponts. Puis après avoir marché plein sud en direction de la frontière slovaque, un notable nous mit dans un train de marchandises à destination de Novytarg, près de Zacopane dans les Tatras. Là, malheureusement, la dame qui devait nous recevoir, eut peur car elle nous prît pour des provocateurs de la Gestapo et refusa de nous aider, ce que je compris fort bien.
Nous eûmes la chance de tomber alors sur un autre Polonais, cafetier cette fois, qui nous indiqua la direction de la frontière et nous dit de nous adresser au curé d’un petit village juste avant cette frontière. Le curé, absent, nous fûmes reçus par sa gouvernante qui malgré une frousse intense, nous dit que c’était la route qui marquait la frontière entre le « gouvernement général » et la Slovaquie.
Nous passâmes la nuit dans une meule de foin et, au petit matin, nous franchimes la route/frontière. Ouf ! Nous étions passés ! Nous fîmes encore quelques centaines de mètres et fûmes arrêtés par un petit ruisseau. Nous en profitâmes pour nous laver quelque peu, lorsque survint un paysan qui nous demanda ce que nous faisions là, et nous apprit à notre grande stupeur que la frontière n’était pas la route mais le ruisseau même où nous nous trouvions et que nous avions beaucoup de chance car c’était justement dimanche, jour où la surveillance de la frontière était moins sévère.
Nous « refilâmes » vers le sud. Nous étions bien cette fois en Slovaquie dans les montagnes des Tatras. Et pendant trois jours, nous marchâmes vers le sud, par monts et par vaux, d’abord de nuit à travers champs puis, au fur et à mesure que nous nous éloignions de la frontière et la confiance revenant, par les sentiers puis par une route qui menait à Bratislava, saluant les quelques personnes que nous croisions d’un sonore salut slovaque, l’équivalent de « Heil Hitler ». Tout cela sans problème, jusqu’au moment où nous fûmes interpellés par un gendarme à qui nous voulûmes faire croire que nous étions deux Ukrainiens clandestins, qui nous demanda nos papiers et nous conduisit à un poste de police. Là, découverte du pot aux roses et nous finîmes par décliner notre véritable identité et notre qualité de français évadés.
Nous fûmes alors conduits à la prison civile locale à Illava, ville où étaient regroupés dans différentes prisons des délinquants de toutes sortes et où nous apprîmes la raison de notre interpellation par le gendarme. Nous marchions sur le côté droit de la route alors que l’obligation était faite en Slovaquie de marcher sur le côté gauche !
Repris par ma dysenterie devenue presque chronique, je fus alors conduit à l’hôpital de Trencin où je fus, il faut le dire, très convenablement traité et soigné et où il me fut confirmé que le gouvernement slovaque, bien que sous l’influence allemande, n’expulsait pas vers l’Allemagne les quelques français dans notre cas mais se contentait de les assigner à résidence. Certains étaient dans cette situation depuis plusieurs mois. C’est à ce moment qu’une rumeur se répandit selon laquelle ces quelques français devaient être regroupés dans un camp à l’est du pays en Ruthénie. Après avoir vainement tenté d’entrer en contact avec le consul général espagnol à Bratislava, chargé des intérêts français en Slovaquie, je me retrouvais mis en cellule. J’y restais quatre jours puis je fus envoyé au camp de Humene où se trouvaient quelques Français et Yougoslaves, dont sept officiers français qui étaient gardés par des gendarmes slovaques.
Toujours décidés à rejoindre de Gaulle, je ne pouvais supporter l’idée de rester dans un camp à la merci de la gendarmerie slovaque plus ou moins soumise aux autorités allemandes. Je préparais donc une nouvelle évasion et commençais à rassembler grâce à des complicités slovaques, le matériel nécessaire : carte d’Etat-Major, boussole, vivres, vêtements civils, sac à dos, etc… dans le but de quitter le camp aux premiers beaux jours.
En avril, en compagnie d’un Aspirant et d’un Lieutenant, nous passâmes à l’exécution. Notre projet était de rejoindre la Hongrie distante d’environ 30 kms en marchant à travers les Carpathes. Dès la deuxième nuit, la frontière était franchie et la progression continuait mais cette fois, dans la vallée, dormant le jour, marchant la nuit. Tout allait pour le mieux malgré la soif qui nous travaillait car, si nous avions des vivres, nous avions beaucoup de mal à nous procurer à boire, dans cette vaste plaine hongroise appelée la « Pusta ».
Le soir de Pâques 1943, nous étions à nouveau arrêtés mais cette fois, par des gendarmes hongrois. Ceux-ci étaient très méfiants car ils avaient une « peur bleue » de tous les étrangers qu’ils avaient toujours tendance à prendre pour des espions soviétiques. Ayant pu les convaincre de notre qualité de Français évadés, ils nous conduisirent dans une caserne, prison militaire. Nous y restâmes quatre ou cinq jours et fûmes prévenus que nous allions être transférés à Komaron près de la frontière autrichienne alors que nous étions tout à fait à l’est du pays. Cela ne nous plaisait guère !
Au cours d’un arrêt en gare de Budapest où nous devions changer de gare, nous pûmes téléphoner à la légation de France qui vint nous prendre en charge et put nous faire bénéficier du statut d’interné militaire. Nous fûmes hébergés dans un hôtel confortable de Budapest. Quel changement de vie, pour nous qui depuis plusieurs années ne connaissions que les camps, les geôles et les prisons ! C’est là que nous eûmes quelques détails sur la situation réelle des Français « réfugiés » en Hongrie.
Nous eûmes aussi confirmation qu’il était impossible de passer en Bulgarie et que ceux qui y avaient réussi avaient été impitoyablement rendus aux Allemands. Voilà qui ruinait définitivement nos espoirs de rejoindre la France Libre via la Turquie et la Syrie.
En octobre ou novembre, le gouvernement de l’amiral régent Horthy ayant été renversé et remplacé par un autre, les « Croix fléchées », (une sorte de milice) commencèrent à pratiquer la chasse à tous les éléments de la population hongroise anti-allemande et en particulier à la population juive et aux internés.
Et ici, qu’il me soit permis de remercier une fois encore les Hongrois qui, dans leur plus grande partie, prirent fait et cause pour les Alliés et apportèrent aux proscrits que nous étions toute l’aide qu’ils pouvaient, nous aidant dans notre vie clandestine pour échapper aux recherches des nazis.
Les Allemands, plus occupés par la bataille que par notre situation ne cherchèrent pas trop à vérifier notre statut, d’autant moins que dans la cave où nous étions réfugiés, je soignais les blessés de diverses nationalités. Bien que peu habitué à cette sorte d’intervention, je m’apprêtai à accoucher notre parturiente quand elle put être évacuée à temps sur un hôpital de Budapest, ce qui me priva du plaisir de faire un accouchement en première ligne. La bataille dura environ quinze jours, puis les troupes allemandes se retirèrent laissant la place aux troupes russes.
Dès l’arrivée de ces derniers, je sortis seul de la cave avec un drapeau blanc (remarquez la similitude des faits avec ceux de juin 1940. En effet notre villa était percée de trous d’obus comme mon poste de secours en 1940). Encore un moment difficile mais qui se termina bien, malgré la mitraillette russe sur le ventre… Pas agréable mais normal puisque les Allemands tiraient sur eux depuis notre villa.
Nous fûmes immédiatement évacués en arrière des lignes et, dans un premier temps rassemblés dans un camp avec d’autres Français près de Pest après avoir passé sous les bombardements, le Danube gelé, en sautant de plaque de glace en plaque de glace – autre mauvais moment qui s’est bien terminé.
Dans un deuxième temps, nous fûmes regroupés dans un camp international à environ 60 kms de Budapest.
Pendant ces derniers mois, qu’en était-il de nos rapports avec la Résistance ? Quelques officiers dont moi-même servaient d’infrastructure aux groupes de partisans français qui opéraient en Slovaquie sous les ordres du, à l’époque, capitaine de Lannurien. La légation de France participait activement à la coordination des réseaux. Une petite infirmerie clandestine fonctionnait dans les locaux de « mon » infirmerie officielle. De nombreux intellectuels hongrois étaient en rapport avec nous.
Avec notre aide, deux ou trois Français seulement purent passer chez Tito.
Il me faut citer aussi le frère Bonnebeltz, un ancien de Rawa-Ruska qui s’occupait particulièrement des Alsaciens enrôlés de force dans la Wehrmacht et déserteurs. Il les cachait dans une école, l’école Champagnat, où étaient hébergés également de nombreux enfants juifs.
Et ce que nous redoutions se produisit. Tout le personnel de l’école et de légation de France fut arrêté par la Gestapo et ne dut son salut qu’à l’arrivée des troupes soviétiques qui les délivrèrent en février 1945. Mais dans quel état…
Puis ce fut la capitulation allemande. L’attente d’un rapatriement rapide nous soutenait. On nous promettait l’arrivée à Odessa de bateaux anglais qui devaient rapatrier dans leur patrie des prisonniers russes libérés et nous ramener, nous, en France.
Puis ce fut l’embarquement : la Mer Noire, le Bosphore, Constantinople, les Iles Grecques et enfin Marseille où m’attendait ma femme arrivée avant moi. Je retrouvais à Bordeaux ma famille quittée six ans plus tôt. Vous pouvez imaginer avec quelle joie et quelle émotion !
Et pourtant, bien qu’ayant fait le maximum de ce qui était possible pour moi, compte tenu des circonstances, je ne pus comme souhaité au départ rejoindre les Forces Françaises Libres. Mais j’ai pourtant la satisfaction d’avoir pu échapper à l’ennemi et de lui avoir « joué » quelques tours à ma façon, même si ce ne fut pas les armes à la main, simplement avec mes armes à moi qui étaient celles, bien utiles en l’occurrence, de ma profession.