La Libération de Paris – Cérémonie du 17 août 2018, rue Leroux

Le 17 août 2018, « Ceux de Rawa Ruska et leurs descendants » de Paris-Ile de France, représenté par leur Président, Alain ZARA, a participé à l’hommage aux 7 jeunes hommes qui ont été fusillés le 17 août 1944, rue Leroux ; hommage organisé par la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes)

Ce fut un moment émouvant avec la présence de monsieur Thierry MARTIN, adjoint au Maire du 16 arrondissement, chargé de la mémoire et du monde combattant et de plusieurs Porte-drapeau.

Monsieur Alain RIVET, membre du Bureau de la FNDIRP, a prononcé une allocution retraçant cet épisode tragique de la Libération de Paris :

« Tout d’abord, une pensée pour Anita Baudouin que de graves problèmes de santé de son époux, Pierre, empêchent d’être parmi nous. Je vais donc essayer, modestement, de la suppléer du mieux possible. Une pensée également pour Raymond Lovato, retenu au dernier moment par des ennuis de santé de sa fille.

En ce début de mois d’août 1944, tandis que les forces alliées, soucieuses de progresser rapidement vers l’est et le Rhin, ne font pas de la libération de Paris un objectif prioritaire, la Résistance, pourtant pauvrement équipée, est, elle, pressée de libérer la capitale. Les Cheminots sont en grève dès le 10 août, le métro de Paris suit très vite puis la gendarmerie le 13 août et la police le 15 août. Viendront se joindre ensuite les postiers et nombre d’ouvriers jusqu’à la grève générale qui éclate le 18 août. Rol-Tanguy appelle alors à la mobilisation des Parisiens et au déclenchement de l’insurrection.

Le 19 août au matin, deux mille policiers résistants s’emparent de la Préfecture de Police, hissent le drapeau tricolore sur la Préfecture et sur Notre-Dame. Les combats sont violents pendant plusieurs jours dans Paris mais aussi en banlieue. Toutefois, l’insurrection révèle des faiblesses et ne peut pas libérer Paris seule.

A la demande insistante de la Résistance, le Général de Gaulle et le Général Leclerc forcent la main des alliés américains et la 2ème division blindée française appuyée, dans un second temps, par la 4ème division d’infanterie américaine marche sur Paris.

Après de terribles combats qui se poursuivront encore quelques jours, la 2ème DB entre dans Paris le 24 août et la division américaine le 25 août. Le général de Gaulle descend le 26 août les Champs-Elysées.

Ce très bref raccourci de l’Histoire pour replacer notre cérémonie d’aujourd’hui dans son contexte, avec ce cruel manque de moyens de la Résistance, particulièrement d’armes, dans la perspective de l’insurrection imminente.

C’est pourquoi le 16 août, une opération est lancée pour récupérer un important stock d’armes promis auquel, sans doute un peu naïvement, la résistance a cru, poussée par un impérieux besoin. Plusieurs groupes sont engagés dans cette aventure à hauts risques pilotée par le Capitaine « Jack » de l’Intelligence Service, en fait un collaborateur chef de groupe de la Gestapo, redoutable traître à la patrie en charge du piège : les jeunes chrétiens combattants, les FFI-FTP de Chelles, des jeunes de l’OCM (l’organisation Civile et Militaire) et des FFI du groupe Sicard de Draveil.

C’est ce groupe FFI, dit « Sicard », de Draveil qui, piloté par un certain Boulfroy, a rendez-vous au 14 rue Leroux.

Le camion arrive à 15h00 dans la rue Leroux et s’arrête devant le numéro 14, un immeuble de la Kriegsmarine. Un résistant comprend immédiatement le piège et abat Gustave Boulfroy qui, installé à côté du chauffeur, dirigeait l’expédition. Les soldats allemands occupant les immeubles adjacents mettent le camion sous un feu croisé. Les F.F.I se défendent du mieux qu’ils peuvent et tuent quatre de leurs assaillants, dont un collaborateur (Louis Gianoni, dit « Petit Louis », patron de boîte de nuit et auxiliaire de F. Berger), et en blessent plusieurs autres. Deux résistants meurent dans le camion. Les cinq résistants survivants restés dans le camion sont conduits par un groupe de soldats allemands dans la cour du n° 6 rue Léonard de Vinci puis dans la cour de l’immeuble du n° 14 rue Leroux. Un gendarme, chancelant car blessé au genou, est frappé puis abattu au pied d’un arbre à droite en entrant. Le deuxième gendarme est tué sur les trois marches devant la porte du pavillon des écuries à droite. Les trois derniers hommes sont fusillés devant les grandes portes des écuries (le 14 rue Leroux est un ancien hôtel particulier).

Les 7 résistants assassinés sont Emile FRUCHART, gendarme de 37 ans à Draveil – Pierre GUILBERT, garagiste de 36 ans de Yerres – Jean-Baptiste ISOARD, jeune employé de 23 ans de Montgeron – Lucien MALAVIOLE, autre gendarme de 29 ans à Draveil – Alexandre MARION, employé au Métropolitain âgé de 40 ans de Vigneux – Michel PLANTAIN, un étudiant de 21 ans de Cambrai – Léon SORBIER, garde-voies de 35 ans de Draveil.

C’est en hommage et en souvenir de ces 7 résistants que nous déposons fidèlement chaque année un bouquet sur cette plaque.

Sept résistants parmi d’innombrables autres qui ont courageusement laissé leurs vies sur le terrible chemin qui ramenait la patrie vers la liberté.

Le capitaine « Jack », arrêté au Danemark par les américains sera remis aux Français le 25 octobre 1945. Il sera condamné à mort par la cour de justice de Paris le 2 avril 1949 et fusillé au fort de Montrouge le 20 avril. »

Madame Anita BAUDOUIN, Secrétaire générale de la FNDIRP, a tenu à préciser les points suivants, dans un courriel :

« Je sais comme il est difficile d’intervenir toujours sur le même sujet et si j’avais bien l’intention cette année d’ouvrir vers autre chose je n’aurai pas pensé à la libération de Paris. C’est bien.

Néanmoins, et parce que je connais ton désir d’exactitude, j’aurai aimé lire dans ton intervention que, si c’est bien la 2ème division blindée de Leclerc qui entra dans Paris le 24 août alors que la ville ne s’était pas encore vraiment soulevée et que les soldats étaient exposés à tous les dangers, cette 2ème DB était composée non pas de Français mais à plus de 80% de Républicains Espagnols parmi la 20aine de nationalités qui composaient « la Nueve ».

Le lieutenant Amado Granell a été le premier officier à entrer dans l’hôtel de ville de Paris et se sont les chars de la Nueve (Guadalajara, Teruel, Guernica, España Cani) qui descendront les Champs Elysées le 26 août encadrant le Général De Gaulle …

On les a trop souvent oubliés… »

Veuillez trouver les photos prises lors de la Cérémonie.