Ce rapport, qui nous a été communiqué à la suite d’une mission en Pologne, a été remis à l’Union Nationale de « Ceux de Rawa-Ruska » par le Professeur Pilichowski, Directeur de la Commission Principale d’Enquête sur les crimes hitlériens commis en Pologne, qui en avait demandé communication aux autorités soviétiques (la première page est la page d’envoi du rapport au Pr Pilichowski par les dites autorités). Ce rapport a été traduit par D. Dowojna Bienaimé, expert traducteur assermenté près la cour d’appel et le tribunal de grande instance de Paris (traduction n° 28981, du 27 juin 1968) et déposé par le Président A. Guerlain au Ministère des Anciens Combattants fin mai 1968.
La première page du rapport proprement dit mentionne la date de l’enquête (du 24 au 30 septembre 1944), et la composition de la commission d’enquête (un président, une secrétaire et trois membres), avec la participation d’un commandant, d’un instituteur, de deux curés de l’église catholique-romaine, du substitut au procureur de la région de Lwow, l’adjoint du président de la commission régionale des députés du Soviet suprême, du représentant de la commission extraordinaire d’Etat.
Quarante-deux témoins oculaires des atrocités hitlériennes perpétrées dans le district et la ville de Rawa-Ruska ont été interrogés.
Au cours de l’enquête, il a été découvert des grandes « tombes collectives », aux abords de Rawa-Ruska, dans lesquelles il a été dénombré environ 37 000 cadavres d’hommes, de femmes ou d’enfants, torturés, fusillés, etc…
Le rapport décrit l’extermination de militaires soviétiques, les atrocités commises dans le ghetto juif, avant l’envoi à « l’usine de mort » de Belzec (20 km environ de Rawa-Ruska), (2 000 en mars, 2 000 en juillet 1942, etc…). Il y est noté qu’en décembre 1942 et en janvier 1943, 800 hommes de la police hitlérienne ont participé à l’opération d’extermination de plus de 14 000 personnes et 2 000 autres envoyées à Belzec… les rues étaient jonchées de cadavres, le sang coulait à flots, etc…
Quant au camp de prisonniers, il y est mentionné que ses installations, son régime, ses conditions étaient calculés pour exterminer systématiquement les prisonniers.
Un témoin a relaté qu’ayant travaillé au camp des prisonniers de guerre soviétiques du mois de décembre 1941 au mois d’avril 1942, il y avait eu, durant cette période, 15 000 exterminations par la faim, le froid, les fusillades,… des prisonniers mangeaient de la chair humaine…
La commission a établi qu’on y entretenait les maladies épidémiques dont 50 hommes au moins mouraient chaque jour, qu’on y établissait un régime de conditions inhumaines, par les massacres, la faim et le froid. Sur les 18 000 prisonniers de guerre qui se trouvaient au camp, seuls 180 hommes, atteints du typhus, furent dirigés sur le camp de Lwow, quant aux autres, ils furent exterminés au camp de Rawa-Ruska.
Ce rapport arrive à sa conclusion par :
« Après l’extermination de tous ceux qui se trouvaient au camp de prisonniers de guerre, dans ces mêmes bâtiments, écuries, au mois d’avril 1942, on plaça des prisonniers de guerre français qu’on amena au nombre de 20 000 hommes environ. Les prisonniers de guerre français se trouvaient également dans de mauvaises conditions et mouraient souvent de faim et de froid. En fait foi le cimetière de Wolkowice où de nombreux prisonniers de guerre ont été inhumés.
« Les envahisseurs fascistes allemands obligeaient les prisonniers de guerre français à un travail au-dessus de leurs forces, les faisaient mourir de faim, les tenaient dans des bâtiments, écuries, non chauffés et les punissaient pour la moindre infraction au règlement du camp.
Avant de citer le nom des coupables ayant sévi à Rawa-Ruska, le rapport signale que la commission a établi l’extermination de 41 500 personnes dans le district de Rawa-Ruska durant l’occupation.
Dispensé du timbre, original non timbré, ni enregistré, loi du 15 mars 1963.
Traduit du russe par D. DOWOJNA BIENAIMÉ, expert traducteur assermenté près la cour d’appel et le tribunal de grande instance de Paris, n° 28981, le 27 juin 1968.