Raymond GANSTER – De Rawa-Ruska aux maquis slovaques

Raymond GANSTER
Ancien de Rawa Ruska, ancien partisan de Slovaquie
et des Forces Alliées en Europe, Chevalier de la Légion d’Honneur

Tous nos compagnons de Rawa Ruska se réjouiront d’apprendre la nomination au grade de Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur de notre ami Raymond, bien connu pour ses multiples  » aventures  » héroïques et le courage peu commun dont il a fait preuve au cours de toute cette période de la guerre 1939-1945.

Ses états de services que nous relatons ici, bien que très résumés, en font foi. Personne ne méritait plus que lui cette très belle et haute distinction qui vient très justement de lui être décernée en plus des nombreuses autres décorations françaises et étrangères dont il est titulaire. Pour n’en citer que quelques unes :

– la médaille militaire – la Croix de Guerre avec étoile d’argent – la Croix du Combattant Volontaire de la guerre 39-45 – la médaille de Evadés – la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance – la médaille de la Déportation et de l’Internement et trois des plus prestigieuses décorations slovaques et tchécoslovaques dont celle des Partisans de Slovaquie.

Né le 30 octobre 1917, il effectuait son service militaire au 32ème Régiment d’artillerie de Vincennes, lorsqu’il fut envoyé au front avec son unité comme radio du Colonel de son régiment, régiment d’élite qui se distingua brillamment lors de la bataille de France et au cours de laquelle, hélas, il subit de très lourdes peines.

Après l’armistice, considéré comme prisonnier de guerre, il est conduit en Allemagne avec ses camarades de combat et affecté au stalag VIIIC de Sagan en Silésie d’où il est bien décidé à s’évader pour reprendre le combat. Dès le début de 1941, trompant la surveillance de ses gardiens, il met à exécution son projet, mais est repris et condamné à 20 jours de cellule, puis à l’enfermement dans un camp disciplinaire d’où il repart quelques mois plus tard, réussissant après de nombreuses péripéties à se cacher d’abord, dans un wagon de pommes de terre, puis dans un autre de papier, à franchir la frontière alsacienne, malheureusement en vain, puisqu’il est repris au cours d’un contrôle extrêmement sévère en gare d’Elkirschem. Il est alors emprisonné au tristement célèbre, à l’époque, Fort de Vauban de Strasbourg, avant d’être déporté dans les conditions que l’on connaît bien, en septembre 1942, d’abord au camp de Rawa Ruska, puis dans ses sous camps de Tarnopol et Lwow.

En mai 43, affecté dans un nouveau camp de très durs travaux en Autriche, et se rendant compte de la proximité de la frontière hongroise, il décide de s’évader à nouveau, mais est malheureusement repris, alors qu’il croyait la partie gagnée, à l’intérieur même du pays, par la police hongroise. Il est alors transféré au camp de contre espionnage de Landech, où sévices et tortures tenaient lieu d’interrogatoires.

Réaffecté quelques mois plus tard (après être passé par le camp disciplinaire de Markt Pongau) à Wolberg en Autriche, il entreprend sa 4ème évasion et traverse à nouveau avec succès la frontière hongroise, mais a la  » chance « …, cette fois, d’être arrêté par des gendarmes hongrois (donc militaires de carrière), lors de la traversée de la rivière Rabb, gendarmes qui considérèrent qu’il n’avait fait que son devoir de prisonnier de guerre et lui apportent toute l’aide qui lui est nécessaire pour rejoindre la ville de Balaton où se trouvent déjà d’autres évadés français comme lui, bien décidés à reprendre le combat.

C’est alors qu’intervient l’offensive allemande et l’occupation de la Hongrie en mars 1944 et que, grâce à un autre de ses camarades évadés, le lieutenant de la Roncière qui avait pu entre-temps établir des contacts avec les maquis slovaques, il entre dans la Résistance après avoir prêté  » serment  » devant les combattants slovaques rassemblés et est affecté au maquis des Carpathes.

L’approvisionnement du maquis en armes et matériels divers nécessaires à ses missions, se faisait par parachutages de l’aviation russe, c’est ainsi qu’au cours de son séjour dans cette unité, il a assisté à plus de 80 parachutages, ce qui indique l’importance qu’attachait l’armée russe aux actions de ces partisans.

Malheureusement, les pertes furent sévères, plusieurs hommes de troupes et sous-officiers furent tués ou blessés et deux des lieutenants français qui encadraient le groupe furent particulièrement touchés. L’un d’eux, le lieutenant Tomasi, fut tué et l’autre, le lieutenant Prompt, très grièvement blessé.

Quelques temps plus tard, c’est l’armée de l’air américaine qui prend la suite des livraisons d’armes aux maquisards, d’abord par parachutages, puis atterrissage sur un camp voisin. C’est ainsi qu’un jour 5 forteresses volantes atterrissent accompagnées de 18 avions de chasse, à la grande joie des partisans, et que profitant de l’occasion, notre ami Raymond Ganster, avec l’accord du chef de bord du dernier B17 en partance après déchargement du matériel, est désigné pour remplacer l’un des aviateurs américains handicapé, pour servir la mitrailleuse de queue de l’appareil…, et repart pour une nouvelle  » aventure  » !

On peut s’imaginer tout le bonheur que peut ressentir l’un des nôtres dont le rêve depuis si longtemps avait été de rejoindre les alliés pour reprendre le combat !

Ensuite, petit à petit, la guerre se termine et c’est le rapatriement d’Italie où se trouvait la base américaine, en France, à bord d’un Liberty Ship.

Raymong Ganster méritait bien cette magnifique et combien réconfortante revanche qu’il avait tant souhaitée, et nous lui renouvelons à l’occasion de cette très méritoire et prestigieuse promotion, notre particulière estime, notre très affectueuse amitié, et… nos plus vifs et très sincères compliments.

J. M. Frébour